Hôpital de Hà Tĩnh - 16 au 30 mars 2025
RAPPORT DE MISSION CHIRURGICALE AU VIETNAM
Un voyage entre science et humanité
Lorsque l'avion s'est posé sur le tarmac de Vinh, une chaleur moite enveloppait déjà la nuit vietnamienne. À la sortie de l’aéroport, Anh et Len m’attendaient avec un sourire chaleureux, preuve de cette hospitalité vietnamienne si sincère. Hà Tĩnh, à une heure de route, m’offrait déjà ses premiers contrastes : des rizières infinies, des maisons colorées, et en arrière-plan, une modernité émergente que le temps façonne lentement.
Le White Hôtel, où je devais résider, portait bien son nom, bien qu'il ne brillât pas par sa propreté. Peu importait, le véritable voyage débutait au cœur de l’hôpital, entre les couloirs imprégnés d’une effervescence médicale et les regards curieux des équipes locales. L’aventure chirurgicale commençait…
Plongée au cœur de la mission
17 mars - Premier contact
L’aube se levait sur Hà Tĩnh. Dès 6h15, un petit-déjeuner rapide en compagnie d’Anh, puis direction l’hôpital. L’accueil officiel fut impressionnant : une cinquantaine de personnes réunies dans la salle de conférence, des discours empreints de respect et d’attente. Le bloc m’appelait déjà.
Dès la première intervention – une appendicectomie –, je pus mesurer la rigueur et l’application des équipes locales. Le Dr Tuan, n°2 du service, opérait avec précision, et nous échangions gestes et regards plus qu’avec des mots. La barrière linguistique s’effaçait derrière le langage universel de la chirurgie.
En consultation, les pathologies se succédaient : un prolapsus rectal extériorisé sur une patiente âgée, une sténose post-Longo, un polype vésiculaire. Chacun de ces cas deviendrait un chapitre d’enseignement et de transmission.
18 mars - Sous la lumière crue du bloc
Ce jour-là, le bloc opératoire était une ruche en ébullition. Première intervention : un prolapsus rectal traité par une technique de Delorme. L’engagement des chirurgiens vietnamiens était admirable, leur soif d’apprentissage, palpable. Ensuite, une cholécystectomie laparoscopique pour un polype de la vésicule : une intervention fluide, qui illustrait les progrès déjà réalisés en chirurgie mini-invasive.
À midi, l’hôpital tout entier semblait s’être réuni pour un événement hors du commun : un mariage local. Loin des salles aseptisées du bloc, je me retrouvai immergé dans une explosion de musique, de rires et de traditions. 700 convives, un repas expédié en 1h30, une expérience hors du temps.
19-21 mars - Enseignement et défis chirurgicaux
Les jours suivants furent dédiés à la transmission du savoir. Chaque matin, un cours : cancer du côlon, ulcère chronique, gastrectomie partielle. Chaque après-midi, une application directe en salle d’opération. Colectomie gauche sous cœlioscopie, cure de sténose post-Longo, chirurgie mini-invasive : autant de défis que l’on relevait ensemble, main dans la main.
Le 21 mars marqua une pause avant le grand congrès du lendemain. Au programme : une hernie opérée par cœlioscopie, une appendicectomie laparoscopique sur la femme du directeur. Le soir, un dîner sur un restaurant flottant, bercé par les flots d’un fleuve tranquille, où la conversation se prolongea tard dans la nuit.
22 mars - Le grand congrès
L’amphithéâtre était comble. Deux professeurs venus de Hanoi et Saigon, une audience avide d’échanges. Quatre présentations majeures : chirurgie du rectum, voies d’abord mini-invasives, traitement des prolapsus, intelligence artificielle en dépistage des maladies colorectales. L’énergie qui circulait dans la salle était électrisante. Le savoir se transmettait, se partageait, grandissait.
Après ce moment fort, je pris la route vers Phong Nha, un sanctuaire de nature où le silence succédait à l’effervescence médicale. Grotte majestueuse, jungle luxuriante… Un souffle d’émerveillement avant la reprise du travail.
Retour au scalpel - 25-26 mars
Les derniers jours furent d’une intensité rare. Colectomie gauche laparoscopique, cure de prolapsus rectal selon Altemeier sur une patiente diabétique fragile, colectomie droite laparoscopique pour néoplasie : des interventions techniques, parfois complexes, mais toujours enrichissantes. L’introduction de nouveaux dispositifs d’agrafage, encore jamais utilisés ici, marqua une avancée importante.
Le 26 mars, un dîner chez le maire du village de Tuan clôtura cette journée avec une convivialité à la hauteur des efforts déployés.
Bilan d’une mission humaine et scientifique
Activité chirurgicale : 14 interventions majeures
· Chirurgie hépatique : 3 patients.
· Chirurgie biliaire : 2 patientes.
· Chirurgie gastrique pour néoplasie : 1 patient.
· Chirurgie colique pour néoplasie : 3 patients.
· Chirurgie bariatrique : 2 patientes.
· Chirurgie statique pelvienne : 2 patientes.
· Proctologie : 4 patients.
· Chirurgie pariétale : 2 patients.
· Chirurgie plastique (dermolipectomie) : 1 patiente.
Consultations spécialisées : 20 patients
Conclusion : Une mission qui laisse une empreinte
Cette mission ne fut pas seulement une aventure chirurgicale, mais une rencontre humaine et culturelle profonde. Au-delà des opérations et des cours, il y eut ces regards échangés, ces gestes partagés, ces instants volés à la routine d’un bloc opératoire. Hà Tĩnh, dans sa simplicité et son intensité, m’a marqué. J’y laisse un peu de mon savoir, mais je repars avec bien plus : une leçon d’humilité et d’ouverture.
Que ces ponts construits entre nos deux pays continuent de se renforcer. Que la science et la bienveillance restent nos guides.
Dr David Lechaux
Chirurgien digestif
Hôpital Privé des Côtes d'Armor